Tout en fixant la forme parfaitement symétrique du Pouce, le
sommet le plus reconnaissable de la presqu’île Ronarc’h qui nous contemple
chaque jour du haut de ses 744m, je quitte la Résidence pour redescendre
vers les L. Quelle ironie que d’être condamnée à contempler chaque jour une
montagne si envoûtante, ses pentes nervurées de blanc semblant lui donner vie,
sans jamais pouvoir l’approcher, et encore moins la gravir…
Après avoir dépassé le L10, je rejoins le L7 qui marque
l’angle de la route parallèle à celle où s’alignent L10, L9 et L8. Le L7 est
l’ancien bâtiment des marins, reconvertie en une salle de sport flambant neuve
depuis la mission 62. A quelques appareils près dont la mécanique ou
l’électronique nous jouent des tours, nous sommes particulièrement bien équipés
– et il ne se passe pas une journée sans qu’une dizaine de personnes ne viennent y dépenser les kilos en trop que
les cuisines nous ont fait gagner.
Dans le prolongement du L7, direction le « centre
ville », viennent logiquement L6 et L5, récemment remis à neuf par
l’équipe infra – le L6 n’est d’ailleurs pas encore achevé.
L6, L5, L4 et Louison
Face à eux, le plus
haut bâtiment de PAF : le Louison. C’est le seul, avec la tour météo et
TiKer, à posséder un étage ; il abrite les chambres de l’équipe infra, de
l’armée de terre et, durant l’été, de certains campagnards. Son nom provient de
l’amante de Yves de Kerguelen qu’il fit venir clandestinement lors de son
second séjour dans « ses îles de la Désolation ».
Le Louison émergeant au-dessus des derniers L
La petite route –
si on peut appeler comme cela un étroit passage de béton – cède la place à un
terre-plein de cailloux irréguliers qui vient se terminer au pied du dernier de
cette enfilade de blanc, rouge et bleu : le L4, qui héberge les chambres
et bureau des employés de la Réserve Naturelle des TAAF (dont le nombre va
passer de trois cet hiver à plus d’une dizaine cet été !).
L'équipe de la ResNat devant le L4 (photo de la Réserve Naturelle)
Thibaut - espèces introduites (saumons et rennes)
Thomas - ornithologue
Alexis - chasseur
A l’autre extrémité du L4, on rejoint la rue principale qui
descend depuis le BCR, juste sous la tour météo. On arrive alors sur le rond
point, marqué par le mât des couleurs au pied duquel se déroulent toutes les
cérémonies officielles. Sur toutes les photos anciennes de PAF que j’ai pu
retrouver, le mât des couleurs y figure systématiquement : il ne faut pas
oublier que la base a toujours été habitée par des militaires – c’est donc un
lieu incontournable, à se demander s’il n’a pas été construit avant tout le
reste ?
Cérémonie du 14 juillet - aux tout débuts de la base
Les trois armes de la mission 63
Marine - Armée de terre - Armée de l'air
Charles à la sono
La médaille des TAAF
A côté du mât des
couleurs, un long piquet de bois peint en blanc, couvert de flèches. Cet objet
est à une base polaire ce qu’est le mât des couleurs à une base
militaire : incontournable. Sur les flèches, des dizaines de nom, suivi de
nombre à plusieurs chiffres : y sont gravés les villes d’origine de gens
passés ici et qui, par cette flèche, rappellent à leurs successeurs dans quelle
direction se trouve « la maison », et à quelle distance : 4500, 12 550, 15 675, la surenchère
donne le tournis ! Tout autant de noms qui font rêver ou rendent
nostalgiques : La Réunion, CapeTown, Paris, Moscou, le Béarn… Ne
manque plus qu’une petite flèche blanche et noire pointant vers… chez moi.
Lever de soleil derrière TiKer
(les fenêtres illuminées trahissent les cuisines déjà au travail)
Pour prolonger cette ivresse, je m’offre un petit tour de
rond point qui, après 360° de rotation, me ramène devant TiKer. En breton,
TyKer veut dire : la maison de la ville – c’est-à-dire la mairie. A PAF,
TiKer c’est le centre névralgique de la base : cet immense bâtiment bleu
et blanc abrite en effet les cuisines, la boulangerie, la salle à manger et
l’inévitable Totoche, le bar. Outre ce lieu de détente et d’éventuelles soirées,
on bénéficie également de billards, de baby foot, d’une table de ping-pong et
autres cibles de fléchettes, sans compter la salle de musique.
TiKer, c’est là que travaille chaque jour l’équipe cuisine
qui nous sert matin, midi et soir des repas variés, tâche pas toujours aisée
quand on sait que les produits frais (légumes et fruits) disparaissent à peu
près en trois semaines après le passage du Marion-Dufresne.
Vaisselle collective après chaque repas
Fin de journée à TiKer... (sous l'oeil attentif d'un goéland opportuniste)
... et début de nuit sur TiKer endormi !
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