OP4 2011 - un petit tour et puis s'en va - 9 et 10 janvier 2012


Mardi 10 janvier, me voilà (déjà) de nouveau à bord du Marion Dufresne. 


 Il est apparu dans le goulet hier à 14h, après un transit de Crozet à Kerguelen assez mouvementé ayant obligé le commandant à changer les prévisions d’arrivée toutes les heures. Finalement, un beau soleil a une fois de plus accueilli l’arrivée de notre cher ravitailleur, facteur, taxi, camion citerne, vaisseau scientifique. 

A peine le temps de réaliser qu’une immense ombre bleue était soudain venue transformer le paysage auquel on s’était habitué, que l’hélico avait déjà débuté son impressionnant va et vient de caisses et de slings (grands filets dans lesquels sont transportés le matériel), épaulé par le chaland qui transporte les containers métalliques dans d’impressionnantes manœuvres de chargement et déchargement. 

Cette nouvelle OP, très courte (qui s’appelle 2011 car habituellement l’OP4 est en décembre) est pour nous l’occasion de recevoir du courrier, du frais, mais aussi quelques nouveaux campagnards d’été (14 personnes de plus sur base). Malheureusement, elle est aussi synonyme de nouveaux départs : 35 personnes s’en vont cette fois-ci. Une bonne partie de campagnards d’été avec qui nous sommes arrivés en décembre, ou qui nous avaient précédés d’un mois sur la campagne océanographique de KEOPS en octobre, et quelques hivernants que le Marion va arracher à plus d’une année d’isolement sur cette base. Les au revoirs sont d’autant plus déchirants que l’on sait qu’ils sont pour la plupart des adieux, à un endroit où les liens d’amitié se tissent à une vitesse incroyable. Est-ce la rudesse du climat, l’isolement, la passion  commune de ces territoires, ou tout simplement la promiscuité, qui nous rapprochent si intensément et rapidement ?

Le retour du Marion, c’est aussi pour Laëtitia et moi l’occasion de revoir Martin, le médecin de bord. Afin de lui permettre de descendre sur la base, se dégourdir les jambes et découvrir un peu de notre nouvelle vie, nous sommes obligés de monter sur le Marion à sa place afin qu’il y a ait toujours un médecin à bord en cas de pépin, surtout en ce moment où les manœuvres de chargement et déchargement sont de grandes pourvoyeuses d’accident. Ceci explique donc que je sois ce matin remontée prématurément à bord du Marion Dufresne II. Je ne m’étais pas vraiment préparée à revenir ici, et bizarrement ça ne m’enchante pas plus que ça. Nous n’avons pas hésité à accepter l’échange, comment refuser ça à Martin ? D’ailleurs hier, lorsque Laëtitia est montée en premier, quel bonheur de faire visiter l’hôpital puis la base à notre collègue médecin de bord !  Il découvre notre nouvelle maison avec cet émerveillement (qui transparaît sans mal dans les yeux et ses exclamations enjouées), que j’avais moi-même il y a quelques semaines, c’est revivifiant (surtout avec ce vent de furie qui souffle depuis 3 jours – difficile de marcher droit avec 100km/h dans le dos). Il n’empêche, remonter sur le Marion me force à m’arracher à ce petit coin préservé du reste du monde où je me sens si bien, surtout à ce moment particulièrement fort de départ d’OP. Cet après-midi, lorsqu’il sera temps de rentrer à PAF, je n’aurais qu’à peine le temps de croiser les partants pour un dernier au revoir précipité.

C’est si étrange de se retrouver à nouveau dans ces étroites coursives, dégringolant plus que descendant les escaliers abruptes de pont en pont, jusqu’à la cabine de Martin ainsi que l’hôpital de bord où je dois assurer la permanence médicale à sa place. L’occasion de voir resurgir les émotions d’il y a un mois maintenant, lorsque ce navire était le symbole d’un rêve qui commence. Et quel beau rêve…



Autant profiter de cet instant pour vous faire visiter cet incroyable bateau : le Marion Dufresne II en quelques chiffres
-          - Deuxième du nom, il est en fonction depuis 1995, battant pavillon français et immatriculé à Marseille
-          - Mensurations
o   Longueur : 120m
o   Tirant d’eau : 6m95
o   Déplacement : 10 380 tonnes
o   Puissance : 2x3000kW + 1 propulseur avant de 750kW
o   Vitesse : 13,5 nœuds
-         -  Paquebot pouvant transporter 110 passagers (répartis sur 59 cabines) plus les 50 personnels d’équipage
o   10 officiers
o   20 marins
o   20 journaliers
-          - Cargo transportant 4600 mètres cubes de fret,  avec 2 grues de jumelage à l’avant de  25 tonnes auxquelles s’ajoutent trois autres grues de service
-          - Pétrolier pouvant transporter jusqu’à 1 170 Mètre Cube de fuel
-         -  Porte hélicoptère
-         -  Navire de recherche  océanographique avec
o   650 mètres carrés de laboratoire
o   Le carottier le plus profond au monde ( 60 Mètres)




    Le carottier 





 Chargement à La Réunion



 Les canots de sauvetage


 La Passerelle













Les machines
























L'hôpital de bord














 










 La chambre du médecin de bord





(Pendant la traversée, je n'avais pas de connexion internet pour vous mettre des photos, alors je me rattrape !!)
















Le courrier attend son hélico

 
















 Lieux de vie


 Bibliothèque et deux ordinateurs pour les e-mails

 Escaliers à dégringolade







                                                                  Cabine double


 






La salle à manger









La plateforme IPEV



 Les fameuses "zézettes"


Je réalise qu'en commençant ce mot, j’ai mis plusieurs minutes à trouver la date exacte – la notion de temps se  perd ici, les journées se fondant les unes dans les autres tant et si bien que les semaines défilent sans que l’on s’en rende compte. Plus de week end, plus de jours fériés. Juste le rythme inaltérable de la valse entre le soleil et la lune (qui nous a rejoints seulement depuis quelques jours – je ne l’avais plus vue depuis la Réunion). Difficile de croire qu'un mois déjà s'est écoulé - et en même temps tant de choses nouvelles se sont passées depuis !




21h – Port Aux Français, SAMUKER.

Et voilà, OP4 c’est déjà fini. Le Marion s’en est allé vers notre voisine tropicale de St Paul et Amsterdam. Longs adieux difficile sur la DZ cet après-midi. 


 Patrick, le chef de District et Monsieur le Préfet

Une fois l’hélicoptère libéré de son tour de souveraineté sur certains points marquants de l’île – le préfet des TAAF faisant partie des visiteurs de marque de cette OP –, il est revenu me chercher sur le Marion pour me ramener à PAF sous un beau soleil afin de profiter des derniers moments avec nos amis partants. A mon arrivée, certains sourires étaient déjà crispés et des yeux rougis par… « le vent et le sable » ont-ils prétendu…. 

 Sur la DZ (= Drop Zone)

 Fred - Pimpon, chef sécu

                     Marianne !!!!!



 Tony, deuxième pompier assurant la sécurité sur la DZ


et Christian - qui a eu la lourde mission d'appeler les partants et de les pousser vers l'hélico
 Vive les tenues play-mobiles !

 Yann Le Meur (IPEV)


  Malgré le vent qui décoiffe, l'hélico vole à Kerguelen !


Il est vrai que je n’ai pas tardé à souffrir du même mal, au moment de serrer une dernière fois dans ses bras Marianne, éthologue et surtout formidable compagne de joutes verbales avec les militaires qui nous a faite mourir de rire chaque jour, ou comme Christian, plongeur du Sud (de la France comme du pôle) qui m’a faite découvrir tant de choses en si peu de temps… Et Yann, responsable de la logistique pour l’IPEV, ton sourire va nous manquer. Ma chance à moi, c’est d’avoir gagné Nina en échange, dont le dynamisme, boosté à la vitamine BH comme Bonne Humeur, va faire déménager la base !

Mais voilà… des semaines entières passées ensemble, à se découvrir, s’attacher, s’apprécier (et je dis cela alors que ça ne fait qu’un mois que nous sommes arrivés…). Et le temps d’un battement de cœur, l’hélico s’arrache au sol et emporte avec lui les rires et les larmes de nos amis.

Merci à vous, Kerguelen ne vous oublie pas !




1 commentaire:

  1. Pour les geeks de chiffres
    http://www.institut-polaire.fr/ipev/bases_et_navires/le_marion_dufresne/installations_et_equipements

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