Baie de l'Observatoire - Dernière partie


Jeux d'ombre et de lumière

Vendredi 18 mai – de lacs en lacs

Dernière journée dans la baie de l’Observatoire – nouvelle occasion de profiter des hauteurs orientales du plateau central sous un soleil timide. 

 Toilettes 3 étoiles de la cabane Korrigans

Nous prenons une dernière fois la direction de l’ouest pour remonter la rivière Korrigan. 

Cette fois-ci nous suivons la berge nord du lac à malices, avec comme point de mire le sommet du jour – en fait de sommet, je parlerai plutôt d’une petite éminence rocheuse à tête plate comme il y en a tant ici et qui confère aux environs des faux airs de décor de Western. 



  Objectif du jour : le sommet à droite de la photo

Le sommet sans nom guide nos pas et nous  abandonnons bientôt le lac Korrigan afin de remonter le cours d’une rivière servant de déversoir entre un lac supérieur et celui-ci. Nous la traversons à l’endroit le plus large et le moins profond (ce qui n’empêche pas à mes chaussettes de s’offrir une petite thalasso) puis entamons l’ascension de ce pic. 



Nous nous offrons un tour complet de sa circonférence avant de finalement trouver un chemin praticable jusqu’au sommet. Au passage, cela nous donne l’occasion de croiser quelques trésors : une vue imprenable sur l’ensemble du lac Korrigan, où nous repérons le trajet effectué la veille, une veine de géodes de quartzite, un passage à moitié couvert de roche rouge creusée dans la paroi de pierre noire plus dure, où ruisselle un filet d’eau sur des mousses devenues demoiselles parées de gouttes d’eau telles des diamants éphémères, des choux de Kerguelen frayant leur chemin dans les fissures de roche dure… Autant de raisons de s’émerveiller, encore et toujours.





Géodes de Quartzite et acaena perchée



 Mousse et choux de Kerguelen sur roche


Finalement, sous un ciel gris tâché de hublots bleus, nous atteignons le plateau culminant à seulement deux cents mètres d’altitude mais qui malgré tout nous offre une vue panoramique fantastique : au sud-est la presqu’île Ronarch dont les sommets ont perdu un peu de leur superbe robe blanche, et ne sont plus que saupoudrés d’une fine pellicule de sucre glace ; au sud la presqu’île Jeanne d’Arc ; au sud-ouest le mont Ross dont les hauteurs enneigées sont dissimulées derrière un rideau nuageux ; à l’ouest le plateau central et son interminable enchaînement de pics et de vallées humides. 



 Le Papounet au sommet

Au nord-est l’on peut voir la Péninsule Courbet, dont les boules du CNES nous sont pour une fois invisibles. Port Aux Français se dissimule à nos yeux, et c’est tant mieux comme ça – quelle sensation grisante que de s’imaginer que, quel que soit l'endroit où porte notre regard, nous sommes les seuls êtres humains ; les seuls chanceux à pouvoir profiter de ces lieux. 


On se sent presque l’âme des grands découvreurs des siècles passés – quelle devait être leur émotion en posant pour la première fois les yeux sur de nouvelles terres inhabitées ?


En contrebas, à peut-être une heure de marche, on aperçoit sans mal la cabane TAAF de Laboureur, reconnaissable à son ponton – c’est l’un des deux sites d’acceuil des touristes durant les OP, le second étant la cabane Manchot à Ratmanoff. 
J’irai bientôt là-bas pour une campagne de chasse aux Rennes – mais ça c’est une autre histoire, pour un autre message. Après quelques vidéos panoramiques et une photo souvenir, les rafales de vent froid nous bousculent jusqu’au pied du pic rocheux que nous abandonnons au nord afin de traverser la vallée en contrebas en direction d’une cascade repérée la veille. 

 
Elle n’est pas aussi impressionnante qu’on se l’imaginait, mais ce détour va nous donner l’occasion de se lancer dans une nouvelle chasse au trésor : nous trouvons en effet des traces tout fraîches du passage d’un groupe de rennes, fécès puis un peu plus loin empreintes suivant le même trajet que celui que nous avions prévu d'emprunter. Elles remontent vers le lac Mercure, que nous longeons sur quelques centaines de mètres avant de redescendre par sa cascade déversoir vers le lac Korrigan. 






























 Les empreintes de rennes n’ont pas plus de quelques heures, ils nous ont probablement croisés par le haut lorsque nous remontions en contrebas en direction du pic rocheux. Nos yeux fouillent fébrilement les alentours, mais ils sont bien loin désormais ; croiser ces animaux magnifiques dont le pelage doit prendre les colorations et l’épaisseur hivernales sera pour un autre jour. 

 Un géant aurait-il égaré ses billes rouges ?

En quittant le lac Korrigan, Lahcen se tente à quelques lancers dans ses eaux réputées poissonneuse. Il ne tardera pas à nous le prouver, en ramenant un bel omble après seulement dix minutes de pêche. 

 LaLa pêche le dîner

En parvenant à la naissance de la rivière Korrigan, je me retourne et jette un dernier regard en arrière. 

 Col d'où s'échappe la rivière Korrigan depuis le lac

 Pics et barres rocheuses commencent à étirer leurs ombres sur les eaux cristaillines du lac ; à l’ouest le soleil sombre déjà derrière les montagnes. Mes amis Korrigans, loin de nous jouer des mauvais tours, nous aurons comblés pendant ces quelques jours de villégiature.


 Un retour en chaland qui conclue cette manip' comme elle a commencé : 
par un arc-en-ciel devant le Pouce - la boucle est bouclée





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