Nous avons beau être sur une île au beau milieu de l’océan
indien, à 13 000km de la métropole, nous n’en restons pas moins reliés aux
grands évènements de la nation. La commémoration du 8 mai 1945 fait partie de
ces moments clefs qui rythment la vie de la base de Port Aux Français, habitée
pour moitié par des militaires.
67 ans nous séparent désormais de ce jour où l’Europe et le
reste du monde ont célébré la fin d’une menace que l’humanité n’avait encore
jamais eu à affronter à une telle échelle. La seconde guerre mondiale a
entraîné dans sa spirale destructrice des dizaines de nations, à travers tout
le globe, ensevelissant des villes, détruisant des populations entières,
effaçant sous un rouleau compresseur de haine et de barbarie tout ce que l’humanité
avait su porter jusqu’à présent. Et puis un jour, la menace nazie s’est
effondrée. Chaque 8 mai, l’on célèbre le souvenir non seulement de ceux qui ont
vaincu, de tous les côtés, la peur et la lâcheté, mais aussi de ceux qui ont
disparu, anonymement, durant ces 7 années de conflits qui ont marqué à jamais l’histoire
de notre Terre.
Et surtout, chaque 8 mai nous tentons de nous rappeler ce que
les pires sentiments humains peuvent engendrer, pour se dire « plus jamais ».
Est-ce efficace ? A l’heure d’aujourd’hui, malheureusement la réponse ne
peut pas encore être oui. Trop d’atrocités ont eu lieu depuis, ont encore cours
à travers le monde, à petite échelle près de chez nous, dans nos villes, mais
aussi à grande échelle dans des pays où certains hommes n’ont pas encore appris
à respecter et écouter la part d’humanité qui est en eux. Et encore, même des
bêtes se comportent mieux, alors où est l’erreur ? Tout ce que je sais, c’est
que dans chaque période de l’histoire où l’on s’est vu confrontés aux pires
agissements humains, il y aura toujours un moment où l’on croisera le chemin d’une
personne qui saura redonner l’espoir d’un jour meilleur, l’espoir de voir
resurgir ce que l’homme a de plus beau en lui : son respect, son
dévouement pour l’autre, parfois au détriment de sa propre vie. Cela s’est vu,
à maintes reprises, au cours de la seconde guerre mondiale : du citoyen anonyme
qui va cacher des enfants juifs dans sa ferme, au prêtre qui va s’insurger
contre l’immobilisme de l’Eglise, en passant par le soldat allemand qui va
offrir à un prisonnier de guerre quelques minutes de liberté pour lui permettre
de voir une dernière fois son épouse avant de partir dans les camps en Allemagne ;
mais aussi ce même prisonnier, qui voyant là une occasion de s’enfuir, de
sauver son avenir, va pourtant refuser de le faire, afin de préserver la vie de
cet ennemi qu’il respecte, et qui aurait été fusillé si un prisonnier s’était
échappé par sa faute. Selon moi, c’est aussi tout cela que le 8 mai célèbre.
C’était la première fois pour moi, depuis le collège
probablement, que j’assistais à une cérémonie militaire pour le 8 mai. Etrange moment
que de voir sortir des bâtiments nos amis du quotidien soudain parés de leurs
uniformes, vert pour l’armée de terre, bleu marine pour la marine et l’armée de
l’air. Tout cet apparât pourrait prêter à sourire pour certains, mais en réalité
cela donne une force à la cérémonie, une solennellité intimidante,
impressionnante.
Nous nous sommes tous retrouvés ce matin à TyKer, afin que Patrick notre chef de District
remette à chacun des militaires présents sur l’archipel la médaille des
Kerguelen
Puis nous sortons braver les rafales de vent pour procéder au lever
des couleurs sous une pluie battante. Accompagné de Laëtitia qui est
médecin-chef et donc en tant que tel capitaine, c’est-à-dire la plus gradée sur
base, il va ensuite passer en revue les troupes. Y assiste également Guillaume,
VAT Magnéto-Sismo et représentant officiel de l’IPEV en l’absence de Baptiste
notre géner’.
Laëtitia Médecin Chef, Abdou Chef Infra et adjoint au DisKer
Certains courageux sont sortis sous la pluie pour accompagner nos
militaires pendant le lever des couleurs, d’autres ont préféré rester au chaud
et nous observent depuis les fenêtres de Totoche.
Armée de terre, marine et armée de l'air sous une pluie battante
Passage en revue des troupes, toujours sous la pluie
Puis, direction la mairie, qui est également la résidence du
DisKer. Pour l’occasion, les cuisines nous ont préparé un incroyable buffet de
fête, dont l’invité d’honneur est une splendide truite de 86 cm pêchée par… le
DisKer (il faudra un jour que je vous parle de la passion de notre DisKer pour
la pêche, ce qui lui a valu son surnom de « PatTruite », responsable
du programme « PopTruite Bis »)
Je vous laisse profiter des images de ce déjeuner mémorable,
qui est venu avec plaisir rompre la monotonie de la vie sur base. En effet,
chaque jour se déroulant inévitablement de la même façon depuis des mois, tout
petit évènement qui sort de l’ordinaire est pris ici comme une formidable
réjouissance. Ainsi le simple fait de manger ailleurs qu’à TyKer me donne l’impression
d’avoir été invité chez des amis, loin de Port Aux Français et de son quotidien
routinier. C’est aussi, par exemple, passer la matinée de dimanche à cuisiner
avec Patrick, Eric l’Appro et Pascal le Pâteux des pâtisseries pour la
cérémonie, dont d’ailleurs je vous laisse en admirer le résultat.
Nicole et Francis qui nous ont concocté un incroyable buffet
Eric, Bibette et Patrick
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