A la découverte de Port-Aux-Français - Deuxième partie












 La résidence sur les hauteurs de Central Park

Lorsque l’on quitte Central Park en remontant un petit chemin de cailloux chaotique (l’espace « vert » de PAF se situant dans un creux où toute l’eau vient s’accumuler) on arrive à un nouveau carrefour. Je décide de poursuivre tout droit, en direction des L. 


Le L10 de l'IPEV

 Un L est le nom donné aux bâtiments de plain pied où logent la plupart des personnes de PAF. Chaque bâtiment est construit sur le même modèle : un sas d’entrée où s’entassent chaussures, bottes, gore-tex, bâtons de marche, etc…, puis un long couloir où s’ouvrent les chambres de part et d’autre. En face de la porte d’entrée on accède à la salle commune, avec frigo, évier et canapés. Chaque bâtiment est muni d’une buanderie, et les salles de bain sont désormais individuelles, attenantes à chaque chambre. Je passe d’abord devant le L10, où sont installés la majeure partie des VAT. Deux vélos sont appuyés contre son bardage beige et rouge, à côté d’un tonneau où poussent des choux de Ker : bâtiment certifié « EcoBio »! 

Le L9 (et l'un des véhicules de l'IPEV : le BioTruck)

 Vient ensuite le L9 tout de bleu vêtu, où logent les VAT ornithos Maxime et Thibaut, Guillaume-Pacha et les très prochains campagnards d’été ornithos et éthoTAAF (scientifiques étudiant le comportement des oiseaux marins). 
 
  Le L8 (... la marine ?)
 
Muni d’une terrasse et d’un sapin en métal, le L8 qui lui succède se distingue facilement des autres. L’ancre marine posée de guingois dans l’herbe ne laisse peu de doute sur l’identité de ses habitants : les marins !

 Les trois derniers L et leur décoration 100% Kerguelen
(+ un réverbère en mode Tour de Pise)

En atteignant le bout de la rue, je tombe sur le plus vieux bâtiment de PAF : la tour météo. Il servait autrefois comme lieu de travail des météos lors des premières missions. Mais de nos jours, ses parois triangulaires recèlent un  trésor : il est devenu la bibliothèque de Ker, toute rénovée en bois brut dont l’odeur boisée continue de nous charmer tandis que l’on flâne entre ses rayonnages ou sur internet pour lequel un ordinateur est mis à disposition de tous. Etrange bâtiment en forme de triangle, dont le toit dessine une flèche rouge qui pointe vers le sud. 




Laissant la bibliothèque derrière moi, je remonte la rue, direction le BCR. Sur le chemin on se glisse dans la « zone industrielle » de PAF : à gauche, au-dessus d’anciennes fillods quasiment désaffectées, se dressent les bâtiments jumeaux de l’Appro et de l’Infra. 

 La tour météo dans le dos, nous pénètrons dans la ZI-Ker !
Vue depuis le haut de la rue, en regardant vers la tour météo



Le premier, celui de l’Appro, héberge le bureau du Chef Appro, qui gère à la fois la Coop, le seul magasin de PAF (quelques livres, quelques souvenirs et cadeaux pour la famille, soutien de l’homme [autrement dit alcool, confiseries, cigarettes, produits d’hygiène]), les stocks de matériel mis à disposition des hivernants (vêtements de travail, matériel de bureau, matériel de loisirs), et surtout tout ce qui entre ou sort du district (commandes pour les services, rapatriement du matériel, évacuation des déchets, etc…). L’autre moitié du long bâtiment bleu est occupé par le magasin des cuisines, où toute la nourriture non frigorifiée est stockée. Le bâtiment infra, strictement identique d’extérieur, abrite le bureau du chef infra et toute la réserve matérielle nécessaire au travail de l’équipe infra qui assure l’entretien, la rénovation et la construction de la base. 
 Coucher de soleil hivernal sur le bâtiment Infra
 
De l’autre côté de la route, à ma droite, se dresse l’immense hangar du garage. C’est là que sont gérés et réparés l’ensemble des véhicules de Ker (voitures, tracteurs, engins de levage et autres grues), mais aussi tous les engins mécaniques utilisés à PAF (bétonnière, marteau-piqueur, groupes électrogènes, etc... ce qui fait grimper le nombre d'appareils à plus d'une centaine ! 




Attenant au garage, une ancienne forge sert encore d’atelier de soudure – ou accessoirement d’atelier pour artiste débordant d’idées ! :-)

La centrale avec la caserne de pompiers

 La station essence (gratuite !) de PAF

et les cheminées des trois groupes



En dépassant le garage, le BCR apparaît dans une impasse, avec à sa droite les immenses bâtiments de la centrale. La Centrale est gérée par les marins et fournit l’électricité et le chauffage à l’ensemble de la base, avec ses trois énormes moteurs (affectueusement surnommés Choupette, Jean et Anaïs). C’est ici aussi que se trouve la caserne de pompiers (gérée par le Chef Sécu surnommé Pimpon, et où sont formés chaque semaines les trois groupes de six volontaires pour le GPS). A sa gauche se trouvent d’autres hangars où sont abrités une grande partie des frigos et congélateurs de la cuisine. 

Au sommet de l'une des deux éoliennes

Laissant la centrale sur ma droite, surmontée de ses deux grandes éoliennes (un peu d’écologie n’a jamais fait de mal), je monte jusqu’au BCR – autrement Bureau Communication et Radios -  là où se trouve la gérance postale, les techniciens télécom et le centre de gestion des appels radios avec le personnel hors base et les navires sur zone. On est alors au point le plus haut de la base, que l’on domine tout en pouvant observer le golfe du Morbihan, et, au-delà, la presqu’île Ronarch’.



En redescendant, plutôt que de rebrousser chemin entre le garage et l’appro, je tourne à droite au-dessus de l’infra. Une petite route me conduit ainsi jusqu’à la résidence. C’est ici l’un des bâtiments les plus récents de PAF, la première partie, côté Central Park, héberge la mairie et les appartements du DisKer. 

 La mairie et résidence du DisKer

 Dans son prolongement est venue la compléter plus récemment la Résidence 2, pour le logement du personnel CNES et Météo-France. C’est aussi ici que j’ai installé ma salle de relaxation musculaire, pour proposer des séances de massage plusieurs fois par semaine.

  La résidence CNES-Météo

Je jette un œil curieux sur la base en contrebas : même avec les mois, je continue à poser sur ces bâtiments un regard à la fois étonné et fasciné. Avant de venir ici, on passe tant d’heures à guetter chaque photo, chaque vidéo qui pourrait lever le voile, ne serait-ce qu’un peu, sur le mystère de ce lieu dont on rêve depuis des années. De sorte que, même en y habitant depuis des mois, je continue à m’émerveiller, pour ne pas dire m’émouvoir, d’avoir la chance d’être passé de l’autre côté du miroir, et de marcher ainsi entre ces bâtiments qui, pourtant, n’ont rien de bien extraordinaire – si ce n’est le lieu où ils se trouvent. 

Est-ce donc cela, ce que l’on ressent, lorsque l’on passe du rêve à la réalité ?

Crépuscule de Noël devant le L8


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire