A la rencontre du seigneur des Kerguelen - dernière partie


 










Des éléphants de mer scientifiques

J’enfile avec plaisir ma paire de bottes pour un départ matinal de la base, direction : pointe Morne. La grande silhouette de Guillaume-Pacha, surmontée de son éternel bonnet jaune tel le point au sommet d’un long « i », nous ouvre la voie vers l’extrémité sud-est de la péninsule Courbet, au nord de la presqu’île du Prince de Galles. Un peu de soleil, peu de vent, les conditions sont idéales pour ce transit qui longe la côte sud de la péninsule, et nous fait traverser trois rivières. Malheureusement dès la première, Château, la plus large et la plus profonde, le bricolage de flexo et caoutchouc au-dessus de mes bottes ne résiste pas bien longtemps, et me voilà en plein milieu du courant, de l’eau jusqu’au slip, les bottes se remplissant brusquement d’une eau glacée. Guillaume et Imran (le second de cuisine) traversent après Denise (la Petite Marie) et moi, en caleçon, et sortent de l’eau les jambes rougies par le froid (l’eau est à 3-4°C tout de même…). Au moins, ils auront les pieds au sec pour le reste du voyage ! Pressés d’arriver (je sens le tissu détrempé de mon pantalon qui frotte désagréablement entre mes jambes à chaque pas) et afin d’éviter les innombrables détours que l’on prend en longeant le rivage, nous coupons à travers la longue plaine d’aceana qui s’étend au-delà des quelques mètres de plages et de galets. C’est le domaine des lapins, canards d’Eaton et de rares chats que l’on entraperçoit furtivement.

 La traversée de la rivière Norvégienne puis d’Albatros se fait sans encombre, encore un peu plus d’une heure et nous devrions atteindre la cabane. Les yeux fixés sur mes pieds pour éviter les souilles et terriers de lapins qui sont de vrais pièges pour les articulations, je lève  le regard à intervalles réguliers pour observer le paysage.
   Le "mont " Bungay

  Droit devant nous, le Bungay nous contemple du haut de ses 89 petits mètres. Avec sa forme de volcan parfaitement symétrique, c’est un point de repère idéal pour viser la pointe Morne qui se trouve un peu au sud de ses pentes.
Masquant le rivage sur lequel on entend rugir, roter et gémir les milliers d’éléphants de mer qui sont revenus peupler les côtes, des touradons (monticules de terre et d’aceana mesurant de 30cm à plus de 2m, sculptées par l’érosion) dessinent à contre-jour d’étranges formes telles des gardiens se dressant entre la plaine si uniforme et le rivage débordant de vie. Quelle n’est pas ma surprise en découvrant une silhouette qui arrive face à nous ! J’en avais presque oublié le transit des ResNat qui rentrent à PAF en comptant les canards d’Eaton. Je crois bien que c’est la première fois en dix mois que je croise quelqu’un sur un transit : l’on n’est plus habitué à voir des silhouettes humaines dans le décor, tellement convaincus d’être les seuls randonneurs à des kilomètres à la ronde. Dans certaines zones, on croirait même être les premiers à y laisser son empreinte depuis que l’archipel a été découvert il y a maintenant 250 ans.

Pétrel géant au-dessus de la plaine humide de Courbet

 Les fameux "touradons"

En atteignant la cabane après un peu plus de trois heures de marche, je retrouve avec plaisir un poussin de grand albatros dont le nid est installé le long de la piste tracteur. Il a passé tout l’hiver dans la boue et l’humidité, son duvet blanc toujours tâché de terre et collant de je ne sais quelle substance, si bien qu’à chaque passage je m’attendais à découvrir le nid vide. Et pourtant ! il a maintenant atteint sa taille adulte, et son duvet s’envole par petites touffes sous les bourrasques de vent, couvrant de petits nuages blancs l’aceana alentour. Quel bonheur de le voir ainsi en bonne santé, poussant même le spectacle jusqu’à déployer régulièrement ses ailes en guise d’exercice de vol, dans l’attente du grand jour.

 Notre jeune albatros cet hiver

Exercice de vol en attendant que le duvet s'envole


Après un petit casse-croûte récupérateur, Guillaume nous présente rapidement son matériel et ce que l’on aura à faire dans les jours à venir. Il est venu ici il y a trois semaines en pleine période de naissances. Pendant dix jours, il a arpenté les différents harems et poser sur chaque bonbon sitôt né une petite bague orange. En tout, 122 bonbons ont ainsi été marqués. Nous revenons trois semaines plus tard afin de les retrouver au moment de leur sevrage (la phase d’allaitement ne dure que vingt et un jours chez l’éléphant de mer, court laps de temps durant lequel le jeune éléphant de mer va passer de 40kg à 120 voire 150kg !).

Allaitement sous le regard gourmand d'un couple de skuas 
qui attendent de pouvoir glaner quelques gouttes perdues

Lorsque sa mère décide que l’heure du sevrage est arrivé, elle l’abandonne sur la plage et regagne bien vite la mer afin de retourner au large se nourrir pour récupérer énergie et masse graisseuse qu’elle aura perdues pendant cette longue période de jeûne.
Dès le moment où le bonbon est sevré, il se fait rejeter par les autres femelles du harem et est contraint de quitter le groupe. Rapidement, les jeunes bonbons, qui sont en phase de mue entre leur belle fourrure noire et une superbe toison argenté, vont se rassembler en petits groupes éparpillés dans les environs plus ou moins proches des harems. 

  
Bonbons sevrés regroupés en petits groupes à l'intérieur des terres

 


Fourrure de bonbon avant le sevrage

Fourrure de bonbon en fin de mue



Les femelles épuisées doivent en plus supporter, sur la distance qui les sépare de l'océan, les assauts de mâles cherchant à se reproduire avant qu'elles ne repartent en mer
  
 
Notre mission sera d’arpenter deux fois par jour une zone de un kilomètre de rayon autour de la cabane afin de repérer les bonbons que Guillaume avait marqué il y a trois semaines.
Normalement, chaque jour une dizaine devraient sortir du harem : à ce moment-là il faut le saisir par les nageoires pour l’immobiliser, prendre sa longueur, prélever un fragment de griffe et de moustache pendant que Guillaume lui fait un prélèvement sanguin, puis enfin on le pèse à l’aide d’un trépied sur lequel nous fixons un palan et un peson auquel l’on accroche le bonbon, qui a été préalablement roulé dans un filet tout en relevant le sexe (les mâles ont un petit orifice sous le nombril). Sur les 122 qu’il  a marqué le mois dernier, nous devons en retrouver au moins 100. Tout un programme !

Le trépied, le palan, le peson et le filet





 Notre premier tour des harems nous permet de prendre la mesure de la zone géographique à balayer, les ressauts du décor constituant une multitude de cachettes derrière lesquelles il faudra systématiquement aller regarder : un amas de rochers, un bouquet de petits touradons, une plage de sable le long de la mer comme le long de l’étang qui se trouve à proximité de la cabane. 





Il nous faut plus d’une heure et demie rien que pour regarder dans tous les recoins et étirer une à une les nageoires caudales des bonbons croisés, à la base de laquelle il a fixé les bagues oranges, souvent recouvertes de boue, voire d’excréments (mmhmmm, je ne vous raconte pas l’état de mes gants !). 
A la fin de la première journée, nous avons repéré une quinzaine de bonbons marqués, mais aucun n’est encore sevré. Observer ainsi le harem en détail nous donne l’occasion de remarquer bien d’autres choses, comme les naissances qui se poursuivent : la période de mise bas s’étend ainsi de début septembre à début novembre, et c’est un étonnant décalage de voir des jeunes bonbons si petits pousser de petits cris aigus à côté de leurs cousins déjà énormes, en pleine mue, et qui ont déjà pris les réflexes de leurs parents, rotant et rugissant à notre approche en montrant quelques encourageants débuts de dents.














 Un sérieux écart de taille et de forme entre nouveaux et 
"vieux" bonbons en forme d'obus, et en mue

 Une femelle - un bonbon

 Je n’aurai malheureusement jamais la chance d’assister à une naissance, celle-ci se déroulant tellement rapidement qu'il faut avoir la chance d'arriver pile à la bonne minute : dès que la tête apparaît, la femelle soulève sa nageoire caudale et le petit est alors littéralement expulsé hors de l’utérus. Cela donne lieu à une véritable scène de bataille entre les différents oiseaux qui peuplent le rivage et ne guettent que cet instant : sitôt la poche des eaux percées, goélands, skuas et pétrels géants se ruent vers la femelle, s’emparent du cordon ombilical sitôt le petit expulsé, puis attendent patiemment le placenta qui suit peu de temps après. Dès que l’un d’eux s’est emparé de la chair sanguinolente, un véritable duel aérien s’engage au milieu de la vingtaine d’oiseaux venus sur place. Une telle foule est un excellent point de repère pour identifier les naissances, même si ça ne me donne pas l’occasion d’arriver à temps. Et quand l’on voit ce phénomène se reproduire des dizaines de fois par heure tout au long de la journée, ça donne une petite idée de la quantité de naissances qui continuent d’avoir lieu.

Age = 3 minutes !
 
 Joute aérienne avec le cordon ombilical

  Pétrel géant barbouillé de sang

Pendant qu'un autre guette... sous l'oeil inquiet des femelles 
(petite tête dépassant de la masse à gauche) 

Otarie mâle faisant le beau entre le Peeper (à gauche) et le Bungay (à droite)

Les jours suivants les bonbons commencent enfin à sortir, lentement. Répartis sur le toute la largeur de la zone à prospecter, nous nous faisons de grands signes lorsque l’un de nous repère un bonbon rejeté par le harem. Bien que sorti de la masse compacte des éléphants de mer adultes, la manœuvre n’en pas pour autant dépourvu de tout risque. Les femelles, épuisées par l’effort que demande l’allaitement intensif du bonbon, n’en sont que d’autant plus stressées à notre approche, et certaines encore assez vaillantes viennent parfois nous charger, de peur que l’on s’en prenne à leur propre petit. 

 Installation du matériel au crépuscule 
(par chance, sous une tempête de ciel bleu)

Mais le pire reste les mâles. Je reverrai longtemps cette scène impressionnante sur la plage de sable noir : j’étais allongée sur un bonbon, les mains crispées sur ses petites nageoires (pattes ?) ventrales afin de l’immobiliser, soudain le mâle qui dormait paisiblement à quelques mètres de nous se met à rugir puis se précipite vers moi. Guillaume lâche aussitôt la seringue qu’il était en train de préparer et se dresse entre lui et moi. Avec ses presque deux mètres de haut, il lève encore les bras pour paraître plus impressionnant.
Apparemment très mécontent, le mâle se dresse sur la partie arrière de son corps et ouvre une grande gueule pleine de bave à laquelle il manque la jumelle de sa canine supérieure à la taille impressionnante. Les deux géants se défient de la taille et du regard pendant quelques secondes puis l’éléphant de mer finit par reculer de quelques pas. Sous moi, le bonbon s’agite en essayant de me mordre le bras droit qui immobilise son cou, ses mâchoires encore dépourvues de dent s’acharnant sur le plastique de mon flexo. Alors que Guillaume revient pour reprendre les prélèvements, Denise qui continue à surveiller le pacha pousse un cri : il revient à la charge. Cette fois-ci, il est plus rapide que Guillaume et je suis contrainte de me redresser en vitesse pour éviter de me faire charger. Pendant que notre pacha au bonnet jaune reprend son duel avec le pacha à trompe, je me dresse devant le bonbon pour l’empêcher de rentrer dans le harem. Imitant son aîné (bien que manquant de quelques trois ou quatre tonnes de graisse et de muscle), le jeune éléphant se dresse sur ses pattes en se courbant vers moi, la gueule grande ouverte. Du coin de l’œil je vois Guillaume qui titille l’arrière du mâle afin de le pousser à me tourner le dos. Puis une fois qu’il a attiré son attention, il se met soudain à courir en lui tournant autour. Étrange manœuvre, mais efficace : le mâle finit par renoncer et s’éloigne vers la limite des vagues.
J’entends derrière moi les femelles qui crient dans mon dos, devant moi le bonbon continue d’essayer de me croquer la cuisse, et au loin le pacha pousse des rugissements mécontents.
Une fois certain que l’on pourra travailler en paix, Guillaume revient vers nous, éloigne un peu le bonbon en le tirant par la queue, puis je me jette à nouveau sur lui, Denise surveillant toujours pacha et femelles, au cas où… Je ne suis pas prête d’oublier cette image du pacha dressé au-dessus de moi tandis que je suis presque allongée sur le sol. Je comprends mieux pourquoi les duels entre mâles sont la plupart du temps réglé avant même qu’un seul coup n’aie été échangé : l’intimidation ça marche !

Démonstration de force par un bonbon


Démonstration de force par un pacha

Les jours suivants seront malheureusement marqués par une suite de tuiles matérielles : un matin alors que les bonbons sortaient enfin massivement, le trépied de trois mètres de haut que nous transportons partout, fait de carbone afin d’être le plus léger possible, va se briser  au moment où nous pesions notre troisième bonbon de la journée. Quand on voit le nombre de réparations qui ont déjà était faites, on comprend rapidement que nous ne sommes pas les premiers à qui cela arrive. Après un point rapide à la cabane, nous réalisons bien vite qu’il ne nous sera pas possible de le réparer à Morne.
Guillaume et moi décidons donc de retourner aussitôt à PAF, après avoir pris contact avec Baptiste le Géner. Trois heures plus tard, nous le retrouvons à la rivière Château. Il traverse courageusement la rivière afin de nous épargner ce passage difficile, nous donne un sac rempli de matériel de bricolage, puis repart aussi sec (!) pour rejoindre l’autre rive afin de vider au plus vite sa salopette étanche qui n’a pas survécu au niveau trop élevé de la rivière. Aussitôt arrivés, aussitôt repartis, Guillaume et moi reprenons la direction de pointe Morne avec vent et averses de neige qui nous chatouillent désagréablement le visage.
A notre retour, Denise a préparé un bon repas que nous accueillons avec plaisir,  et la cabane s’est remplie de quelques colocataires supplémentaires : les ornitho achèvent leur tour Courbet (comptage des éléphants de mer sur tout le rivage de la péninsule Courbet + comptage des poussins d’Albatros) en compagnie de Charles (Géophy) qui restera avec nous les jours suivants en échange de Denise et Imran qui rentreront à PAF le lendemain avec les ornithos.
Pendant que nous faisons honneur au repas de Denise, Charles s’attaque à la réparation du trépied. Nous le testons le soir-même : et ça tient ! Un malheur n’arrivant jamais seul, deux jours plus tard c'est le peson qui, ayant pris l’eau, rendra son dernier souffle au moment de peser le bonbon n°2 que nous cherchions depuis des jours.
Fort heureusement, dans un endroit où le prochain magasin est à 3500km, certaines personnes ici ont développé de grandes capacités d’improvisation et de débrouille.

"Maman" Denise au soleil couchant

 
Je me lève à quatre heures du matin en entendant de l’agitation dans la cuisine : les ornithos se préparent tranquillement pour partir dès l’aube afin d’achever leur tour Courbet. Et ce réveil matinal nous réserve une étonnante surprise : un pacha qui dormait près de la cabane et que nous avons entendu grogner et crier pendant une bonne partie de la nuit  a du faire un mauvais rêve où un autre mâle le défiait car en se réveillant face à nos toilettes, il a du les confondre avec ce mâle là et voila t-y pas qu’il nous défonce la porte des toilettes ! Le pan de contre-plaqué est enfoncé à l’intérieur, des gonds et le système de fermeture arrachés. Le coupable tranquillement affalé à quelques mètres de là nous regarde nous agiter autour du petit cabanon en bois, ne faisant montre d’aucun remord. 




La scène du crime et son principal suspect 

 Bon, après tout, ça n’est pas si désagréable d'aller au petit coin avec une telle vue !


  La cabane de Morne et notre voisin temporaire : le bonbon

A la fin de la semaine, je quitte à regret la pointe Morne en compagnie de Charles, direction PAF.
De nouveaux manipeurs rejoignent Guillaume pour la suite de la session bonbons, puis ce sera au tour des femelles d’expérimenter la poigne de notre pacha au bonnet jaune.
L’ensemble des études qui sont pratiquées sur les éléphants de mer à Kerguelen rentrent dans le cadre d’une étude plus vaste menée par le laboratoire de Chizé et qui s’étend aux deux autres régions du globe constituant avec notre archipel la plus grande colonie d’éléphants de mer au monde : Géorgie du Sud et Macquarie.
A vrai dire, ce programme de recherche relève plus de la coopération avec les éléphants de mer que d’une « simple » étude de mammifère. Les scientifiques du projet ont eu l’idée de génie d’utiliser les éléphants de mer comme vecteurs d’appareils scientifiques afin d’aller analyser des zones de l’océan Indien et Antarctique auxquelles l’homme n’a pas accès. Ainsi chaque année sont placées sur la tête de femelles éléphants de mer (plus facile à maîtriser et endormir avec leurs 400kg qu’un mâle de 4 tonnes) des balises Argos (afin de repérer les déplacements ) auxquelles sont associées des capteurs de température, de salinité, de profondeur, et un accéléromètre permettant de repérer les moment où l’animal chasse.
L’ensemble de ses appareils permet ainsi d’analyser l’état de l’océan et de ses populations halieutiques, afin de recueillir une vision plus globale de l’environnement de ces zones et l'impact des récents bouleversements climatiques. En d’autres termes, ils ont changé les éléphants de mer en laboratoires mobiles ! 


 Petit laboratoire portatif sur scientifique "involontaire"


C’est donc ce que devra faire Guillaume cette fois-ci à Ratmanoff : capturer une vingtaine de femelles sitôt que le petit sera sevré, avant qu’elle ne retourne à la mer, l’endormir, lui fixer sur la tête la balise, puis la laisser rejoindre l’océan et entamer son voyage de 2000km en direction du front polaire.
Lorsque la femelle reviendra sur terre dans trois mois, la balise Argos émettra un signal nous informant sur se position exacte sur nos côtes. Il sera alors temps de passer à la deuxième étape : récupération de balise.
J’ai eu la chance il y a quelques semaines de participer à une récupération de balise sur une femelle qui avait été marquée l’année dernière par Jade et Nory, les prédécesseurs de Guillaume.
La procédure est assez sportive et impressionnante : une fois la femelle repérée (ce qui n’est pas bien compliqué vu l’appareil qu’elle porte sur la tête), et fort heureusement pour nous, en périphérie du harem, Guillaume s’empare de son petit né la veille (j’avais effectivement vu cette femelle le jour précédent et elle n’avait pas encore mis bas) et le tire vers l’extérieur afin d’attirer sa mère. Celle-ci se jette vers nous en grognant et rotant et nous nous dressons alors entre elle et le harem afin de l’empêcher d'y retourner. Munis d’une longue capuche tenue par des cordes, Guillaume et Baptiste la présentent devant la gueule de l’animal jusqu’à ce qu’elle y rentre la tête d’elle-même. 

 
S’entame alors un long combat durant lequel les deux hommes maintiennent l’animal la tête dans le noir tandis qu’elle tourne sur place, et ce afin de la fatiguer. Lorsqu’elle montre les premiers signes d’épuisement, nous sommes trois à nous jeter sur elle, à hauteur de ses épaules, afin de l’immobiliser sur le sol. 

 

 Pendant que nous nous entassons sur son corps au pelage court et épais, les autres membres du groupe surveillent le pacha, les femelles et le petit qui ne cessera pas de gémir en appelant sa mère. Lorsque la femelle est maîtrisée et plaquée au sol, Guillaume s’installe sur sa nageoire caudale, masse le dos afin de repérer le sinus veineux puis lui injecte une petite dose d’anesthésiant. En quelques minutes, l’animal se relâche totalement. 

 


 
Nous pouvons alors nous dégager, retirer la capuche, et Guillaume s’attaque tout de suite à la récupération de la balise. La femelle endormie tire une petite langue rose tandis que son bonbon se colle à elle en poussant de petits cris aigus. Une fois les appareils récupérés, nous prenons la mesure de l’animal puis nous nous éloignons du harem. 
 
  La femelle récupère peu à peu aux côtés de son petit

 Au bout d’une heure, elle se réveillera peu à peu et tout cela ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Tandis que pour moi, ça sera probablement l’un de mes plus grands.

 

  L'envolée sauvage des pétrels géants 
(en-dessous à contre-jour, sur nids)

















 
 

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