Au large d'une île de brume - 8 décembre 2011, Marion Dufresne

Deuxième jour en vue de Crozet. Ou plutôt, deuxième jour au large d'une montagne de brume. L'île de la Possession s'est de nouveau drapée dans son linceul de brouillard, ralentissant considérablement les échanges entre le Marion Dufresne et la base. Certains des nouveaux hivernants qui ont passé la nuit sur Alfred Faure ont put regagner le bord afin de rejoindre Pointe Basse où ils doivent installer du matériel, mais suite à cela l'hélicoptère a été contraint de rester au sol. 

J'ai encore du mal à me remettre de l'incroyable journée d'hier - cette nuit a été hantée de manchots royaux, d'albatros, de pétrels et de skuas. Une ou deux baleines sont même venus se glisser entre les mailles de mon sommeil, puisque nous avons eu la chance d'en croiser avant-hier soir au moment du dîner. Sitôt l'annonce faite au micro du bord, nous avons tous abandonnés nos assiettes pour se précipiter sur la coupée tribord. D'abord le regard fébrile scrute en vain les vagues assombries par le crépuscule. Puis soudain, quelqu'un pousse un grand cri en tendant le doigt vers la poupe, et l'on devine enfin le panache d'eau expulsé par cet animal mythique. Nous n'avons pu qu'entrapercevoir son dos noir lorsqu'elle se glissait vers la surface pour respirer, et les ornithos - avec leur appareil photo dont l'objectif nous fait pâlir d'envie - ont pu capturer quelques images furtives de leurs nageoires caudales, tendues vers le ciel avant de replonger vers ces abysses sans fond.

Imaginez donc quelle est la probabilité de tomber sur un tel animal, au milieu d'un océan si vaste ? Quelle chance de croiser un tel mammifère marin qui parcourt inlassablement des milliers de kilomètres !



Quelle chance d'être ici.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire