l'œil s'émerveille, le nez se saoule d'iode et de
liberté, les papilles sont titillées par ce petit goût de sel qui se dépose
avec les embruns.
Mais surtout, la perception de son propre corps est
totalement décuplée : on marche un peu comme sur une planète à gravité
variable, descendant au creux de la vague on est tout léger et les pieds décollent presque
du sol, tandis que la seconde d'après (lorsque le navire attaque l'ascension
d'un nouveau mur liquide), on se retrouve littéralement écrasé sur le pont
comme si l'on pesait soudain deux tonnes (et je ne pense pas avoir pris autant
de poids en trois jours... :-) )
En parlant de poids, effectivement la nourriture à bord
est excellente, et l'on savoure tous la joie de croquer dans une salade fraîche
puis mordre à pleines dents dans les beaux fruits au dessert (même si c'est
plutôt perturbant de manger des fraises au mois de décembre).
Hier, dimanche, nous avons été particulièrement
chouchoutés par le cuistot :
- pain au chocolat au petit-déjeuner
- magret de canard en plat à midi
- assortiment de poissons fumés en entrée pour le dîner.
Apparemment, c'est ainsi tous les dimanches - jour de fête à bord !
Le repas est le meilleur moment pour faire connaissance
avec tout le monde. Le reste de la journée, chacun s'occupe de ses missions
respectives ; ainsi la salle de restaurant et le bar sont de vrais lieux de
socialisation où l'on peut enfin mémoriser les noms et visages de nos futurs
co-hivernants. Difficile de croire que dans deux jours nous atteindrons Crozet,
et qu'il sera déjà temps de se séparer...
Albatros à bec
jaune
Ce matin, merveilleuse rencontre avec des albatros, dont
un à Albatros à bec jaune (instant
d'autant plus exceptionnel quand on sait qu'il n'existe plus que 25 couples de
cette espèce en voie d'extinction, tous logeant à Amsterdam - l'île, pour ceux
qui n'auraient pas suivis, pas la capitale). Deux ou trois albatros nous ont
offert un magnifique ballet (ou était-ce un rodéo ?) au-dessus des vagues, puis
les pétrels ont pris le relais. Ils virevoltaient derrière la poupe du Marion,
jouant à frôler du bout de leurs ailes l'écume bouillonnante de notre sillage.
Pétrel antarctique
Excitée comme une puce, j'ai littéralement mitraillé tout
ce qui bougeait en espérant capturer le regard furtif d'un de ces seigneurs marins
- mission accomplie ! Cependant, je dois reconnaître que je frisais le ridicule
à côté des téléobjectifs des ornithos : leurs photos sont à couper le souffle !
(Décidément, il va falloir que je me mette à l'apnée)
Pour les philatélistes
Albatros à bec jaune
Pétrel antarctique
Tu dis que tu te saoules d'iode et de liberté Véronique,et je pense à nos rudes sorties en rade !
RépondreSupprimerTu dois être à Crozet et nous attendons tes impressions.N'en perds pas une miette ,
Odile