Dicton TAAFien "Quand il y a trop de roulis, gare à ne pas tomber du lit" - 05/12/2011, sur le Marion Dufresne, à l'approche des 40èmes rugissants

La houle commence un peu à s'intensifier depuis cette nuit (je me suis réveillée vers 4h30 à cause du roulis qui me baladait de droite à gauche dans la couchette) - et un vent fort (mais encore tiède) souffle à en couper... le souffle. Lorsque l'on se tient sur la proue du navire, il est impossible de respirer face au vent ; tous les sens sont en alerte :
l'œil s'émerveille, le nez se saoule d'iode et de liberté, les papilles sont titillées par ce petit goût de sel qui se dépose avec les embruns.

Mais surtout, la perception de son propre corps est totalement décuplée : on marche un peu comme sur une planète à gravité variable, descendant au creux de la vague on est tout léger et les pieds décollent presque du sol, tandis que la seconde d'après (lorsque le navire attaque l'ascension d'un nouveau mur liquide), on se retrouve littéralement écrasé sur le pont comme si l'on pesait soudain deux tonnes (et je ne pense pas avoir pris autant de poids en trois jours... :-) )

En parlant de poids, effectivement la nourriture à bord est excellente, et l'on savoure tous la joie de croquer dans une salade fraîche puis mordre à pleines dents dans les beaux fruits au dessert (même si c'est plutôt perturbant de manger des fraises au mois de décembre).

Hier, dimanche, nous avons été particulièrement chouchoutés par le cuistot :
- pain au chocolat au petit-déjeuner
- magret de canard en plat à midi
- assortiment de poissons fumés en entrée pour le dîner. Apparemment, c'est ainsi tous les dimanches - jour de fête à bord !

Le repas est le meilleur moment pour faire connaissance avec tout le monde. Le reste de la journée, chacun s'occupe de ses missions respectives ; ainsi la salle de restaurant et le bar sont de vrais lieux de socialisation où l'on peut enfin mémoriser les noms et visages de nos futurs co-hivernants. Difficile de croire que dans deux jours nous atteindrons Crozet, et qu'il sera déjà temps de se séparer...



Albatros à bec jaune

Ce matin, merveilleuse rencontre avec des albatros, dont un à Albatros à bec jaune (instant d'autant plus exceptionnel quand on sait qu'il n'existe plus que 25 couples de cette espèce en voie d'extinction, tous logeant à Amsterdam - l'île, pour ceux qui n'auraient pas suivis, pas la capitale). Deux ou trois albatros nous ont offert un magnifique ballet (ou était-ce un rodéo ?) au-dessus des vagues, puis les pétrels ont pris le relais. Ils virevoltaient derrière la poupe du Marion, jouant à frôler du bout de leurs ailes l'écume bouillonnante de notre sillage.


Pétrel antarctique

Excitée comme une puce, j'ai littéralement mitraillé tout ce qui bougeait en espérant capturer le regard furtif d'un de ces seigneurs marins - mission accomplie ! Cependant, je dois reconnaître que je frisais le ridicule à côté des téléobjectifs des ornithos : leurs photos sont à couper le souffle !

(Décidément, il va falloir que je me mette à l'apnée)

 Je me vois obligée de vous abandonner ici, c'est l'heure de la formation sécurité avec l'hélico (ou "comment ne pas finir scalpé en descendant de l'engin avec un peu trop d'enthousiasme")

 

Pour les philatélistes 


Albatros à bec jaune

Pétrel antarctique

   


1 commentaire:

  1. Tu dis que tu te saoules d'iode et de liberté Véronique,et je pense à nos rudes sorties en rade !
    Tu dois être à Crozet et nous attendons tes impressions.N'en perds pas une miette ,
    Odile

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